Loges et Grandes Loges...

Publié le par Le Myosotis libre

Loges et Grandes Loges,

la première Grande Loge illustre très vite les détournements obédientiels

 

La Grande Loge des Modernes, dont nous avons précédemment décrit l’organisation initiale souple, oublie à partir de 1739 les principes fondamentaux de la tradition maçonnique. La finalité de ses décisions, de son administration et des modifications apportées dans son mode de fonctionnement, n’est plus tournée vers l’ensemble de ses membres ni vers l’objet de sa constitution : « Amour fraternel, Assistance, Vérité ». En remplacement apparaissent la volonté de régir seule le paysage maçonnique, de réserver la direction de la Grande Loge à un petit nombre de Frères éclairés, de revenir au nom de l’excellence sur les usages et la tradition…

Commentaire sur ce dérapage des Modernes, du F. Henry Sadler, bibliothécaire adjoint de la Grande Loge Unie d’Angleterre (1887) : « Un des attraits les plus grands et des plus solides appuis de l’authentique Maçonnerie est son universalité et ses principes non sectaires, et il est parfaitement clair dans mon esprit que la décadence de la Grande Loge régulière fut le résultat des tentatives à courte vue de quelques-uns de ses chefs pour réserver à une classe particulière ce qui était à l’origine destiné au bénéfice de la communauté entière ; ces efforts maladroits furent la cause de la négligence des anciens Landmarks, de l’altération apportée aux cérémonies… ».

Nous voici rassurés, un dignitaire anglais n’exclue pas qu’une Grande Loge se considérant comme régulière puisse être dirigée par des chefs « à courte vue » et négliger les anciens devoirs de l’Ordre. L’histoire se répète souvent !

 

Face à cette déliquescence de la Grande Loge de 1717, les Loges restées souveraines. Les feuilles de présence de cette époque nous renseignent sur les différentes qualités des participants à une tenue : les uns mentionnent « initiés de la Loge » ; d’autres le nom de l’établissement où leur Loge se réunit, suivi du N° donné à la Loge par la G.L. auprès de laquelle celle-ci s’est affiliée (GL des Modernes, à partir de 1751 également GL des Anciens) ; d’autres inscrivent après leur nom « saint Jean » ou quand ils sont plusieurs « de la Sainte Loge de saint Jean ».

Le qualificatif de « saint Jean » est donné aux Loges ou Frères indépendants, lesquels sont admis dans les Loges ressortant de la Grande Loge. Gould dans son tome II de L’histoire de la Franc-Maçonnerie confirme que cette appellation désigne « une Loge ou un Frère indépendant ». L’explication de cet usage revient au dictionnaire de Mackey : « La Loge primitive, ou Mère Loge, fut tenue à Jérusalem et dédiée à saint Jean, et de là elle fut appelée La Loge du Bienheureux Saint Jean de Jérusalem ».

Enfin Bazot, dans Le Manuel du Franc-Maçon, précise la figure de saint Jean de Jérusalem : « Il abandonna sa patrie et l’espoir d’un trône, pour aller à Jérusalem prodiguer les secours les plus généreux aux pèlerins et aux chevaliers. Jean fonda un hospice et institua des Frères pour soigner les malades, les chrétiens blessés, et distribuer des secours pécuniaires aux voyageurs qui allaient visiter le Saint Sépulcre. Jean, digne par ses vertus de devenir le patron d’une société dont la bienfaisance est le principal but, exposa mille fois sa vie pour faire le bien. La peste, la guerre, la fureur des infidèles, rien ne put l’arrêter… ».

Sadler conclut que ces Loges et ces Frères de saint Jean « ne reconnaissaient aucun chef en dehors de leur saint patron ».

 

Puissent toutes les Loges qui se disent de saint Jean, se remémorer leurs origines.

 

A suivre…

 

Les anciens Maçons d’York

 

 

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